Le chef du Gouvernement a présenté, mercredi 19 juillet 2017, à l’ARP, sa stratégie anti-corruption. Répondant aux critiques, il a déclaré : « les dernières arrestations n’étaient ni arbitraires ni politisées, elles sont le résultat d’une stratégie que nous avons développée tout en attendant que les autres piliers de l’État s’y mettent ».
Youssef Chahed évoque le pouvoir judiciaire – indépendant de lui – et qui est largement à la traîne de la lutte contre la corruption, d’où le recours à la justice militaire.
Pour le chef du gouvernement, la stratégie anti-corruption vise à combler les vides juridiques en prévoyant un ensemble de lois techniques pour lutter contre la corruption. « Auparavant, on voyait la corruption mais nous étions incapable de l’affronter, faute de textes juridiques ».
Devant les parlementaires, Youssef Chahed a précisé qu’en tant que chef de l’Exécutif, il a pris l’initiative des opérations anti-corruption, mais qu’il attend l’implication des pouvoirs législatif et judiciaire pour relever ce défi majeur dans l’histoire de la Tunisie. « Les députés doivent être conscients de cet enjeu en approuvant, sans perdre de temps, les textes de lois relatifs à la lutte anti-corruption. Les magistrats, de leur côté, se doivent d’être responsables et de traiter sérieusement les dossiers de corruption préparés par le GUN ».
Renforçant la position du gouvernement dans la lutte contre la corruption, le chef du gouvernement a fait savoir que plusieurs ministres ont signé des conventions sectorielles dans ce sens pour attaquer la corruption sur tous les plans. De plus, les agents de l’Instance nationale de lutte contre la corruption bénéficient désormais de toutes les prérogatives, entre autres, la mise à disposition de la police judiciaire.
Le chef du gouvernement a donné le bilan du dernier coup de filet réalisé contre les corrompus et les contrebandiers. Les chiffres sont impressionnants :
– 1000 millions de dinars est la valeur des produits de la contrebande confisqués ;
– 700 millions de dinars de devises confisqués.
Sachant que cette opération ne concerne qu’un nombre réduit de personnes (20 personnes selon certaines sources).
Une partie du discours vise l’administration, qui constitue, jusqu’à présent, un obstacle dans la lutte anti-corruption et un frein au développement. Dans ce sens, le chef du gouvernement a rappelé les lacunes tout en annonçant deux mesures essentielles : la simplification des procédures relatives à l’investissement (surtout pour les jeunes) et la modernisation en basculant vers l’administration numérique selon le projet de Smart-Gov 2020.
« La Tunisie a besoin d’unir les efforts de toutes ses composantes pour rétablir la confiance entre l’individu et l’État, la société et l’État, l’électeur et la classe politique ».
Youssef Chahed a donné son feedback à propos de sa fameuse campagne anti-corruption. Il a lancé, de façon claire, un avertissement aux partis politiques (essentiellement Nidaa Tounes), aux magistrats et à tous les hauts fonctionnaires de l’État : « nul n’est au dessus de la loi ». Ils sont avertis.