Le grand Archimède allié d’Hannibal? Durant la 2e Guerre punique, le génial inventeur était l’âme de la résistance de Syracuse contre Rome. Il a inventé, pour résister au siège maritime et terrestre des Romains, une panoplie d’armes extraordinaires qui ajoutent au côté spectaculaire de cette « guerre d’Hannibal » qui enflamme les imaginaires de toutes les générations.

En même temps qu’il envahissait l’Italie par les Alpes, Hannibal a récupéré la Sicile conquise par Rome une vingtaine d’années plus tôt. Mais les Conservateurs syracusains voyant les Romains faire d’immenses préparatifs pour ramener l’île sous leur domination, se montrent disposés à rentrer dans l’alliance avec Rome. Le peuple, lui, au nom de la liberté et de la démocratie, veut sauver l’alliance avec Carthage. Le Consul Marcellus opère un siège. Syracuse se défend vigoureusement, sous la direction de celui qui est considéré comme l’âme de la résistance contre Rome : le fameux savant Archimède.

Les machines d’Archimède

Syracuse, cette ville gigantesque, l’une des plus belles cités de l’Antiquité, est défendue par des remparts qui se terminent par une forteresse.

Syracuse aujourd’hui. Au premier plan, la forteresse

Grâce à ses remparts, elle est imprenable. Mais, nous dit Polybe, une ville très étendue a toujours une partie mal gardée. Le roi Hiéron, maître de la cité pendant un demi-siècle, avait armé sa ville et convaincu le grand Archimède d’appliquer les mathématiques aux machines de guerre. C’est ainsi que le savant fit construire un imposant matériel pour préserver la ville d’un siège.
Après la mort de Hiéron et celle de son fils, la démocratie est proclamée et Archimède prend le commandement des opérations de défense de la ville. La première année du siège, il va faire subir aux deux consuls romains une extraordinaire série de désastres.

Voyons ce qu’en dit Polybe : « Les Romains décidèrent d’attaquer d’une part avec les forces terrestres, d’autre part avec les forces navales, là où le rempart borde la mer en descendant jusqu’au quai. Munis de mantelets (grands boucliers, parfois roulants), de projectiles, de tout ce qu’exige un siège, en cinq jours, grâce à leur main-d’œuvre abondante, ils conçurent l’espoir de prendre l’adversaire de vitesse avec ces moyens, mais ils avaient compté sans la valeur d’Archimède. »

Archimède a prévu une telle panoplie de moyens de défense que les Romains ont été complètement pris au dépourvu. Les Syracusains ont une parade toute prête à n’importe quelle action des ennemis.

Les miroirs paraboliques

Les miroirs paraboliques d’Archimède

Les fameux miroirs paraboliques d’Archimède, que beaucoup croyaient légendaires, se sont avérés, à la suite de différents essais, parfaitement plausibles. Archimède dirigeait contre la flotte romaine des miroirs dont la forme parabolique augmentait de façon exponentielle la chaleur du soleil ce qui poussait les soldats à se jeter à l’eau pour échapper aux brulures.

Ci-dessus, Archimède invente ses fameux « miroirs paraboliques » Scène tirée du film « Cabiria » réalisé à la Cinecita en 1913 (cliquez ici).

Catapultes et balistes contre « sambuque »

Le Romain Marcellus dirige contre le port soixante quinquérèmes (navires à 5 rangs de rames) pleines d’hommes armés d’arcs, de frondes et de javelines qui doivent servir à refouler les défenseurs des créneaux. Huit autres quinquérèmes, dépourvues de rames, les unes à droite, les autres à gauche, et assemblées par leurs flancs dégarnis, amènent devant le rempart ce que l’on appelle la «sambuque». Il s’agit d’une passerelle fermée, en forme de tunnel, entièrement blindée, haute de deux mètres et large d’un mètre vingt, assez longue pour qu’elle puisse atteindre le haut des remparts tout en gardant un angle qui permette aux soldats d’avancer rapidement.

On place la sambuque à plat, au centre des navires assemblés. Au sommet des mâts des navires sont fixées des poulies avec des cordes. Quand vient le moment de s’en servir, les cordes, qui sont attachées au sommet de la sambuque, sont tirées au moyen des poulies par des hommes qui se tiennent à la poupe, tandis que d’autres sur la proue consolident le levage de la machine en la soutenant par des étais. Ensuite, grâce aux rangs de rames qu’il y a sur chaque côté extérieur, on approche les navires des remparts et on essaie d’appuyer cet engin contre le mur. Au sommet de la sambuque se trouve une plate-forme blindée sur trois côtés ; quatre combattants y montent pour affronter les défenseurs des créneaux qui s’opposent à l’application de la sambuque. Quand elle est en place et que les attaquants dominent, ils enlèvent les boucliers latéraux et montent sur les remparts. Les autres soldats s’engouffrent à leur tour dans la sambuque.

Les Romains comptent donc se porter contre les remparts avec cet équipement, mais le génial Archimède a préparé des engins pour toutes les distances de tir. De loin, quand les vaisseaux ennemis approchent, ses balistes et ses catapultes les plus puissantes et les plus grandes les endommagent, provoquant le désarroi. Puis, quand la portée de ces armes devient trop longue, il en utilise de plus petites, successivement, en fonction de la nouvelle distance, causant une telle confusion qu’il stoppe complètement leur élan et leur avance. Finalement, mis dans une situation difficile, Marcellus doit effectuer son approche furtivement, à la fin de la nuit. Mais quand les Romains arrivent dans l’angle mort des armes, près du rivage, un autre dispositif qu’Archimède a mis au point contre les combattants embarqués les attend. Le savant a pratiqué dans les remparts, jusqu’à hauteur d’homme, des ouvertures très rapprochées, larges d’une douzaine de centimètres environ du côté extérieur ; il a posté là, à l’intérieur du mur, des archers munis de scorpions.

Le « scorpion » arme à répétition. À la différence d’un arc qui fonctionne grâce à la torsion de ses bras, le scorpion utilisait un système de ressort de torsion permettant d’obtenir une très grande puissance pour les bras et donc une grande vitesse d’éjection pour les flèches. Cette arme remarquable par sa précision et sa puissance était particulièrement redoutée

Le grappin d’Archimède

Une autre machine particulièrement ingénieuse lâche des pierres contre les assaillants pour faire évacuer la proue, puis fait descendre une chaîne au bout de laquelle est attaché un grappin de fer qui saisit le navire par la proue. Dès que le grappin est solidement attaché, un contre-poids est basculé à l’intérieur du rempart. Le navire se dresse alors brusquement sur sa poupe. Le conducteur de la machine contrôle la chute du contre-poids à un point fixe, puis il détend la chaîne et le grappin. Quand cela se produit, certains bateaux tombent sur le côté, d’autres se retournent, la plupart plongent et prennent l’eau, provoquant la panique à bord.

Le grappin d’Archimède en action

La situation dans laquelle se retrouvent les soldats romains, précipités dans la mer avec leurs cuirasses, fait rire toute la ville, spectatrice sur les remparts. Cette situation affecte beaucoup les officiers romains et après un conseil de guerre, ils décident à l’unanimité d’essayer toutes les possibilités, sauf la prise d’assaut de Syracuse. Et durant les huit mois de siège, sans renoncer à aucun stratagème ou coup d’audace, ils n’osent plus jamais essayer une prise d’assaut. Le génie d’Archimède a eu raison des légions romaines.

Estimant que la famine serait pour eux le meilleur moyen de réduire les assiégés vu leur nombre, les Romains organisent un blocus marin et terrestre. Finalement, Syracuse tombera à la suite d’une traitrise.

En livrant au pillage une aussi prestigieuse cité, le Romain Marcellus  perd son honneur de guerrier.

L’illustre Archimède est assassiné avec une foule de ses concitoyens. Quant au Sénat romain, complice du crime de son armée, il ne veut ni prêter l’oreille aux plaintes tardives des malheureux habitants, ni leur faire restituer leurs biens, ni rendre la liberté à leur ville. Syracuse et les cités qui lui appartenaient perdent leur indépendance et Carthage perd la Sicile. Hannibal parviendra à la reprendre, mais encore une fois, par son inconséquence, Carthage la perdra.

Giordano, Luca; The Death of Archimedes; National Trust, Attingham Park
D’autres armes attribuées à Archimède (ici)

 


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