À l’aube du VIIIe siècle, l’Espagne est depuis 3 siècle sous l’autorité des Wisigoths quand le roi Wittiza est démis de ses fonctions par Rodrigue. Les héritiers de Wittiza appellent à l’aide l’émir du Maghreb, Moussa ibn-Nuçair. La chose est moins surprenante qu’il y paraît car les chrétiens d’Occident ont encore à cette époque une notion très floue de l’islam et le voient plutôt comme une secte chrétienne que comme une religion rivale.

Moussa ibn-Nuçair ne se fait pas prier et envoie un corps d’armée commandé par un jeune chef berbère fraîchement converti, Tarek ibn Zied.

C’est ainsi qu’en avril 711, 6000 guerriers débarquent en Espagne. Ce sont essentiellement des Berbères mais il y a aussi des Arabes et des Syriens, musulmans mais aussi chrétiens ou juifs. Le lieu du débarquement est un rocher qui prendra le nom de Gibraltar (d’après l’arabe « djebel Tarek », la montagne de Tarek). Tirant parti de l’impopularité des Wisigoths, il obtint le soutien de la population juive persécutée, des rivaux du roi Roderic, d’opposants à l’Église catholique et du gouverneur byzantin de Ceuta, qui fut un élément clé dans la réussite de la conquista, en fournissant en particulier la flottille qui a été nécessaire à la traversée. Les troupes de Tarak s’emparent sans difficulté d’Algésiras et s’avancent vers Cordoue et l’intérieur des terres. Le 11 juillet 711, les troupes de Tarek, au nombre de quelques centaines, défont les troupes de Rodrigue. Si modeste qu’elle soit, cette bataille de Guadalete va livrer aux musulmans la plus grande partie de la péninsule ibérique pour près de sept siècles.

La rencontre est dite bataille de Wadi Lakka par les chroniqueurs arabes et bataille de Guadalete par les historiens espagnols. Mais l’incertitude plane sur sa localisation exacte. Soit sur les rives du Guadalete, un fleuve qui se jette dans la baie de Cadix, soit sur celles du fleuve Guadarranque, soit encore sur les bords de la lagune La janda, traversée par la rivière Barbate.

Bien que les Wisigoths soient très supérieurs en nombre aux envahisseurs, la victoire revient à ces derniers suite à la trahison des deux frères de Wittiza. Le roi Rodrigue périt dans l’affrontement.

Tarek n’a plus beaucoup de mal à s’emparer des villes méridionales, à commencer par Séville, qui est détruite faute d’avoir accepté de se rendre. Instruites par cet exemple, les autres villes, comme Cordoue et Grenade, capitulent sans se faire prier. Les habitants chrétiens et juifs ont la vie sauve, conservent leurs biens, leurs lois et leur foi, mais sont soumis à un impôt supplémentaire en leur qualité de dhimmis (« protégés »).

Tarek est rapidement rejoint par l’émir Moussa, désireux de s’approprier le festin. Les vainqueurs soumettent rapidement la plus grande partie de l’Espagne. En quelques années, la résistance wisigothe est balayée. Elle ne subsiste que dans quelques vallées isolées de la chaîne cantabrique, à l’extrême nord de la péninsule.

Les musulmans, dans la foulée, traversent les Pyrénées et occupent la Narbonnaise.

Moins d’une décennie plus tard, en 721 les troupes musulmanes verront leur avancée stoppée par le duc d’Aquitaine à Toulouse. Un an plus tard, les Wisigoths réfugiés dans la chaîne cantabrique piègeront les musulmans à Covadonga, près d’Oviedo. Cette bataille, bien que très modeste, symbolisera beaucoup plus tard le début de la reconquête de la péninsule par les chrétiens (la « Reconquista »).

 

(D’après : André Larané, Herodote.net)

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