L’évaluation de la situation à Gaza en mai 2025 montre une crise humanitaire et politique d’une gravité extrême, marquée par une escalade des violences, des destructions massives et une détérioration des conditions de vie. Voici une synthèse structurée de l’évolution de la situation :
1. Contexte général et reprise des hostilités
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Rupture du cessez-le-feu : Un cessez-le-feu, instauré le 19 janvier 2025, a été rompu par Israël le 2 mars 2025, avec la suspension de l’aide humanitaire et la reprise des bombardements à partir du 18 mars. Une nouvelle offensive israélienne, baptisée « Les Chariots de Gédéon », a été annoncée le 17 mai 2025, avec des frappes aériennes intenses causant des centaines de morts en quelques jours (au moins 108 le 16 mai et 58 le 17 mai, selon les autorités sanitaires locales).
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Objectifs israéliens : Le gouvernement israélien, dirigé par Benjamin Netanyahou, a approuvé un plan pour prendre le contrôle total de la bande de Gaza, visant à « vaincre le Hamas » et à libérer les otages restants. Ce plan exclut explicitement la souveraineté palestinienne et la présence de l’UNRWA, et inclut des propositions controversées de « migration volontaire » de la population gazaouie, suscitant des condamnations internationales.
2. Bilan humain et humanitaire
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Pertes humaines : Depuis octobre 2023, le conflit a causé un lourd tribut. En mai 2025, les estimations font état de plus de 61 700 morts palestiniens, 117 729 blessés et environ 1,9 million de personnes déplacées (soit 85 % de la population de Gaza). Les enfants, les femmes et les personnes âgées représentent la majorité des victimes.
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Crise alimentaire et sanitaire : Le blocus israélien, renforcé en mars 2025, a provoqué une famine généralisée, avec 22 % de la population en risque critique de famine selon l’IPC. Seule une aide limitée a été autorisée à partir du 19 mai via le passage de Kerem Shalom, mais son acheminement reste entravé par des obstacles logistiques. La malnutrition aiguë chez les enfants a presque doublé entre février et avril 2025, avec 2 500 cas identifiés, dont 169 cas graves.
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Destruction des infrastructures : Environ 70 % des bâtiments de Gaza (170 812 structures) sont détruits ou endommagés, selon une analyse satellite de l’UNOSAT (décembre 2024). Près de 88,8 % des écoles (501 sur 564) sont touchées, et le système de santé est au bord de l’effondrement, avec seulement 18 des 36 hôpitaux partiellement opérationnels. L’hôpital Martyr Kamal Adwan, l’un des derniers dans le nord, a cessé de fonctionner fin décembre 2024.
3. Réactions internationales
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Condamnations et accusations : Plusieurs organisations, dont Médecins Sans Frontières, Amnesty International et Human Rights Watch, ainsi qu’une commission de l’ONU, ont dénoncé des « actes génocidaires » et des signes de « nettoyage ethnique » par Israël, citant les déplacements forcés, les bombardements de civils et la destruction systématique des infrastructures. La Cour internationale de Justice examine une demande de l’Afrique du Sud pour des mesures conservatoires supplémentaires.
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Réactions diplomatiques : Les critiques internationales se sont intensifiées en mai 2025, avec des pays comme la France, le Royaume-Uni et le Canada menaçant des mesures de rétorsion face à l’ampleur des violations du droit international humanitaire. Une conférence internationale pour un règlement pacifique, basée sur la solution à deux États, est prévue pour juin 2025 à New York, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite.
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Appels de l’ONU : Le Secrétaire général António Guterres et le chef des secours Tom Fletcher ont réitéré leurs appels à un cessez-le-feu permanent et à une action pour prévenir un génocide, soulignant l’obstruction délibérée de l’aide humanitaire.
4. Situation sur le terrain
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Contrôle territorial : En avril 2025, Israël a déclaré 30 % de Gaza (environ 187 km²) comme « périmètre de sécurité » interdit à la population palestinienne. En mai, environ 50 % du territoire est sous contrôle israélien, avec des déplacements massifs de populations vers le sud, aggravant la crise humanitaire.
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Conditions de vie : L’accès à l’eau potable est limité (10-25 % des ménages y ont accès quotidiennement), et 26 % des maladies à Gaza sont liées à l’eau contaminée. Les terres agricoles sont gravement endommagées (79 % dans le nord, 57 % à Rafah), compromettant la production alimentaire locale.
5. Perspectives et défis
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Reconstruction : L’ONU estime que la reconstruction de Gaza pourrait prendre 15 ans et coûter plus de 50 milliards d’euros, en raison de l’ampleur des destructions.
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Risques d’escalade : Les plans israéliens de contrôle total et les propositions de déplacement de population risquent d’aggraver les tensions régionales et internationales, tandis que le Hamas conserve un contrôle partiel du territoire.
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Humanitaire : Les ONG comme Islamic Relief et Médecins Sans Frontières continuent d’opérer dans des conditions extrêmes, mais leurs capacités sont limitées par les bombardements et le blocus.
Conclusion
En mai 2025, Gaza est plongée dans une crise humanitaire sans précédent, marquée par des pertes humaines massives, des destructions généralisées et une famine aggravée par le blocus. La reprise des hostilités et les plans israéliens de contrôle total du territoire ont exacerbé les tensions, tandis que les critiques internationales s’intensifient face aux accusations de violations graves du droit international. Un cessez-le-feu durable et une réponse humanitaire massive sont urgents pour éviter une catastrophe encore plus grande.