Les députés ont déclaré qu’il est de leur devoir d’approuver la nomination du nouveau ministre de l’Intérieur pour combler un dangereux vide institutionnel surtout que la situation sécuritaire générale laisse à désirer. « Ce vote ne constitue nullement un vote de confiance pour la politique générale du gouvernement » ont-ils répété à plusieurs reprises tout en demandant à Youssef Chahed de se présenter devant l’Assemblée des Représentants du Peuple pour un véritable vote de confiance pour son gouvernement. En aura-t-il le courage?

Les raisons du vote du samedi 28 juillet

Le sujet du vote de samedi 28 juillet à l’Assemblée des Représentants du Peuple était un vote d’approbation de la nomination du ministre de l’Intérieur, poste resté vacant depuis le limogeage de Lotfi Brahem, limogeage suivi par une centaine de nominations qui ont complètement désorganisé la sureté nationale. Pour plusieurs observateurs, l’attentat du 8 juillet n’est qu’une résultante de cette désorganisation au niveau des services sécuritaires.

Chahed récupère le vote à son profit

Les thèmes principaux qui auraient dû être abordés par Youssef Chahed sont :

– le limogeage de Brahem,
– le retour du terrorisme,
– les dernières nominations concernant le département de la sécurité nationale ainsi que les mouvements dans le corps des Gouverneurs
– la politique de sureté nationale
– les compétences et la capacité de M. Hichem Fourati à mettre en œuvre la politique sécuritaire choisie.

Or M. Youssef Chahed n’a accordé que 7 minutes de son discours pour survoler ces aspects essentiels alors qu’une vingtaine de minutes ont été consacrées aux points positifs de sa gouvernance tout en taisant les immenses carences souvent soulevées par les Représentants du Peuple.

Un malvenu discours de politique générale

Résultat, un discours où Chahed a mentionné des chiffres bien choisis qui passent outre les réalités désastreuses d’un pays qui se trouve dans une situation jamais vécue: une crise économique profonde, des centaines de médicaments vitaux en rupture de stocks, les opérations chirurgicales sont remises en cause à cause du manque de matériels, multiplication des pénuries d’eau, d’électricité, etc. Le dinar est en chute libre…
Youssef Chahed mentionne la hausse des exportations mais ne dit pas un mot sur la hausse bien plus importante des importations et donc du déficit abyssal de la balance des paiements, il ne parle pas d’une économie informelle qui dépasse l’économie régulière, il mentionne une croissance de 2,4% alors que l’inflation de 10% en élimine tous les effets positifs, il ne parle pas de la désorganisation – opérée par ses soins – de la Sureté Nationale, il ne parle pas d’une lutte contre la corruption illusoire, de la faillite des entreprises publiques, de l’endettement qui est à un niveau jamais atteint, d’une administration pléthorique et bloquante.
Youssef Chahed n’évoque pas non plus le désespoir d’une jeunesse dont le seul objectif est de quitter un pays qui ne leur offre aucune chance de réussite, il passe outre l’incivisme, l’insécurité, la saleté, le délabrement des équipements et l’absence totale de vision, ni même de politique sectorielle dans quelque département que ce soit.

Qui défend l’intérêt national?

Dans cette situation catastrophique du pays, tout triomphalisme est risible, comme sont risibles par ailleurs, ceux qui, voulant la peau de Youssef Chahed, ont  appelé à ne pas voter la confiance à Hichem Fourati. En définitive, ceux qui voulaient profiter de ce vote, dans un sens comme dans l’autre, sont à blâmer.

En quête d’un plébiscite, Youssef Chahed rentre bredouille, sauf s’il considère que ce vote est une victoire contre un président à bout de souffle et un fils qui n’a jamais joui d’aucune crédibilité.

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