Une pétition présentée par près d’une centaine de députés et appelant à la création d’une commission d’investigation parlementaire sur les réseaux de recrutement et d’envoi des terroristes tunisiens dans les foyers de tension en Libye, en Syrie et en Irak, sera discutée aujourd’hui, mardi 31 janvier 2017 lors de la séance plénière.

L’affaire est très délicate car la Tunisie, du temps de la Troïka (2012-2014), a non seulement soutenu l’attaque contre la Syrie, mais elle a aussi accompagné cette ingérence par l’organisation à Tunis d’une Conférence des « amis de la Syrie » qui réunissait précisément tous ses ennemis, à l’origine de l’envoi des « pétro-jihadistes » en Syrie alors que le peuple syrien lui même, depuis la mi-2011, avait réalisé qu’il ne s’agissait plus d’un mouvement révolutionnaire pour la liberté, mais d’un mouvement instrumentalisé par l’Otan et les wahhabites pour faire tomber le régime (1).
Le problème est que, selon plusieurs observateurs (2), Ennahdha, grisée par le soutien de l’Otan et financée par le Qatar, aurait joué le rôle de recruteur ou, a minima, de facilitateur de recrutement des jeunes Tunisiens jusque dans les mosquées. Selon ces mêmes observateurs, des centaines de preuves existent et l’instruction de l’affaire par une commission parlementaire pourrait délier les langues et faire ressortir les preuves dont disposent plusieurs parties officielles qui ont subi, depuis 2012, des pression en haut lieu pour occulter l’affaire. On ne peut en outre se départir de l’idée que cet appel au Jihad et ce recrutement ou cette complicité d’État ont forcément contribué aux actions terroristes sur le territoire national (Sousse, Bardo, Avenue Mohamed V, attaque de soldats)…
Du recrutement des « pétro-jihadistes » jusqu’à leur transport en Turquie d’où ils étaient transférés en Syrie, les preuves seraient nombreuses, d’autant que des centaines de jeunes qui croyaient agir pour des raisons religieuses mais qui ont réalisé le subterfuge sur le tard, seraient prêts à passer aux aveux devant les juges.
Certes, Ennahdha dispose, à tous les échelons du pouvoir, surtout au ministère de la Justice, d’affidés capables de la défendre bec et ongle, mais la situation internationale s’est complètement retournée depuis la défaite des jihadistes en Syrie et l’arrivée au pouvoir, en Angleterre puis aux USA, de dirigeants opposés au soutien des « pétro-jihadistes ». Les services de Renseignements de plusieurs pays de l’Otan ont été complètement bouleversés par ce retournement de situation, l’Otan elle-même est sur la sellette, son rôle remis en cause. Or c’est sur ce soutien international que reposait l’organisation des Frères Musulmans pour légitimer l’opération de recrutement.
Désormais la vérité sur la guerre de Syrie est sur le point d’éclater, et avec elle ceux qui ont organisé le rassemblement de ces légions de jihadistes-terroristes drogués au captagon et qui ont été capables des pires horreurs qui soient.
L’Assemblée des représentants du peuple tunisien va-t-elle choisir la recherche de cette terrible vérité ou va-t-elle poursuivre l’occultation de cette opération de recrutement qui a contribué à envoyer à la mort des milliers de jeunes Tunisiens pour le projet commun de l’Otan et des wahhabites.
La crédibilité, non seulement de l’ARP, mais de toute la classe politique tunisienne, sinon de la « démocratie tunisienne » elle-même, se jouera aujourd’hui, 31 janvier lors du vote pour la création d’une commission d’investigation parlementaire sur les réseaux de recrutement et d’envoi des terroristes tunisiens dans les foyers de tension en Libye, en Syrie et en Irak.

 

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(1) Pour assurer deux objectifs : faire passer par la Syrie le gazoduc qatari dont Bachar el-Assad ne voulait pas et briser l’arc chiite qui, de l’Iran au Liban, risquait d’accroître le danger sur Israël et les monarchies wahhabites

(2) On peut par exemple citer un chef de parti, un ministre en exercice, ou encore la présidente d’honneur de la FIDH. S’ajoute à cela la communication officielle des gouvernants d’alors qui s’ils n’étaient pas eux mêmes coupables étaient en tout cas responsables au moment des faits par leur action ou leur inaction : Ali Laarayedh et Rached Ghannouchi.

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