Donald Trump et ses alliés israéliens et Saoudiens ont décidé de passer à la vitesse supérieure contre leur ennemi iranien

Suite au retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien, accord pourtant défendu par les Européens, l’administration Trump a fixé au 4 novembre 2018 le début d’un embargo total et international sur la vente du pétrole iranien « Washington souhaite que tous les pays réduisent leurs importations de pétrole iranien au plus près de zéro »… faute de quoi ils s’exposeront aux sanctions américaines.

Trump met en avant, comme d’habitude, les violations des Droits de l’Homme : « Les dirigeants du régime, notamment ceux à la tête des Gardiens de la Révolution et de la Force Qods doivent payer chèrement pour leurs mauvaises décisions ». Il a ajouté, s’adressant à l’opposition iranienne: « Les Etats-Unis vous entendent, les Etats-Unis vous soutiennent, les Etats-Unis sont à vos côtés » et pour concrétiser ces paroles, il annonce le lancement d’une chaîne multimédia (télévision, radio, numérique et réseaux sociaux) 24 heures sur 24 en langue farsi.

La réaction iranienne

Le président de la République islamique d’Iran, Hassan Rohani, a alerté Washington sur le risque d’une aventure militaire désastreuse.

«Vous déclarez la guerre et ensuite vous parlez de la volonté de soutenir le peuple iranien […]  Ne jouez pas avec la queue du lion, cela ne ferait que conduire à des regrets […]  Les Américains doivent bien comprendre que la paix avec l’Iran est la mère de toute paix, et la guerre avec l’Iran serait la mère de toutes les guerres.»

Hassan Rohani a assuré que les Iraniens seraient «unis» par les nouvelles menaces des Etats-Unis et que la République islamique allait «certainement vaincre l’Amérique». «Vous ne pouvez pas provoquer le peuple contre sa sécurité et ses propres intérêts».

Menace iranienne de bloquer le Détroit d’Ormuz

Le Détroit d’Ormuz, lieu de passage de 30% du pétrole mondial transporté par tankers

Reprenant la déclaration de la veille d’Ali Khamenei, Hassan Rohani a de nouveau averti qu’en cas d’interdiction des exportations iraniennes, l’Iran pourrait bloquer toutes les exportations de pétrole du Golfe Persique en fermant le stratégique détroit d’Ormuz par où passe environ 30% du pétrole mondial transitant par voie maritime. «Nous sommes le garant de la sécurité de ce détroit depuis toujours», a-t-il souligné.

Les véritables enjeux

Qu’est ce qui se cache derrière cette montée aux extrêmes? Pour les trois alliés: Israël, l’Arabie Saoudite et les USA, il s’agit de contenir le virevoltant régime iranien qui a fait preuve d’efficacité en Syrie, contrant ainsi leur plan d’abattre le régime et de diviser le pays. D’autre part, les avancées technologiques de l’Iran et l’intégration de son économie avec la Chine et la Russie inquiètent les USA qui voient là une menace claire contre leur hégémonie déjà mise à mal par l’économie chinoise et par le retour en force de la Russie au Moyen Orient. Enfin, pour l’Arabie Saoudite qui a signé pour 400 milliards de dollars de contrats avec les USA, le seul moyen de les payer consiste à fermer le robinet du pétrole iranien et à augmenter le débit du sien. Si le tout s’accompagne par une augmentation du prix du pétrole, ça fera l’affaire des deux pays.

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