1 845 071 individus listés musulmans aux USA

1 845 071. C’est le nombre d’individus listés comme musulmans aux Etats-Unis par ExactData.com, une entreprise de collecte de données. Un chiffre accessible en quelques clics seulement. Pour 138 380 dollars, on peut télécharger des informations comme les noms, âges ou adresses de ces personnes. Il existe aussi des listes inquiétantes telles qu’« Américains avec un nom de famille bosnien musulman » ou « Américains hispaniques non assimilés ». Des centaines d’entreprises américaines disposent déjà de ce type d’informations que l’administration du président Donald Trump pourrait être tentée de récupérer.

C’est Amnesty International qui a publié cette découverte dans une étude (en anglais) mise en ligne lundi. L’organisation interpelle une cinquantaine d’entreprises de collecte et de revente de données personnelles, souvent à des fins de ciblage publicitaire : « Nous leur demandons d’annoncer publiquement les mesures prises pour prouver qu’elles agissent de manière éthique et ne contribuent pas à des abus. Nous leur demandons de donner un gage qu’elles n’autorisent pas les autorités à recourir à leurs données pour des violations des droits humains, notamment ceux des musulmans et des migrants, clairement menacés aujourd’hui. »

Donald Trump proche de certaines entreprises de big data
« Le président des États-Unis a fait part de son intention d’expulser entre 2 et 3 millions d’immigrés sans papiers », indique Amnesty International. « Si le président des États-Unis voulait réellement créer un fichier de tous les musulmans vivant dans le pays […], à quel point serait-il facile pour lui de rassembler ce type d’information en 2017 ? »

Dans un long argumentaire, Amnesty s’inquiète des liens étroits qu’entretiennent certains courtiers en données avec l’équipe présidentielle. C’est notamment le cas de Cambridge Analytica, une entreprise de big data engagée dans la campagne électorale du candidat Trump. L’étude rappelle que l’entreprise est « soutenue financièrement par le milliardaire Robert Mercer dont la fille a fait partie de l’équipe de transition de Trump », chargée de former son cabinet. Son actuel conseiller stratégique, Steve Bannon, faisait d’ailleurs partie de sa direction.

Peter Thiel, le plus gros actionnaire de Palantir Technologies, a lui aussi fait partie de l’équipe de transition du président. S’il a publiquement déclaré que sa société ne créera pas de registre de musulmans, Amnesty International indique que l’entreprise a néanmoins « signé des contrats de plusieurs millions de dollars avec les services de l’immigration et du renseignement ».

Avec tous ces éléments, l’organisation craint que ces entreprises ne vendent des informations qui faciliteraient la surveillance de masse et les expulsions de millions d’individus. D’autant, que ces centaines de sociétés ont en leur possession des « supers databases de centaines de millions de clients individuellement identifiables ». Si Amnesty se satisfait que « certaines data brokers dont Acxiom, Recorded Future, et CoreLogic ont explicitement dit qu’elles n’aideraient pas à la création d’un registre de musulmans », elle souligne néanmoins qu’« il n’y a besoin que de la coopération d’une petite ou d’une moyenne entreprise pour que les autorités puissent avoir accès à des informations extraordinairement détaillées sur les musulmans ou les immigrés aux États-Unis». La sonnette d’alarme est donc tirée.

Commentaires