Henda Ayari: « le conte de fée s’est transformé en cauchemar, le prince charmant en monstre. Il m’a étranglée très fort, si fort que j’ai pensé que j’allais mourir. Il m’a giflée, car je résistais. Il m’a violée. Je me suis sentie en extrême danger. Il m’a insultée : ‘j’étais venue pour ça, je méritais ça, je l’avais cherché’. Je n’avais qu’à porter le voile, sinon j’étais une prostituée. »

Pour sa part, le théologien suisse a dénoncé samedi sur sa page Facebook une « campagne de calomnie » enclenchée par ses « ennemis de toujours ».

Pour l’islamologue « soit vous êtes voilée, soit vous êtes violée », assure Henda Ayari dans un entretien publié ce lundi par « Le Parisien ».

Le théologien suisse est visé par une enquête à Paris pour « viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort », et fait l’objet de plaintes de deux femmes, dont Henda Ayari, qui dénoncent des faits similaires.

Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, avait raconté dans un livre sa rencontre avec Tariq Ramadan, mais sans le nommer. Les faits se sont déroulés en mars 2012 dans un hôtel de l’est de Paris: « Quand j’ai frappé à la porte, mon cœur battait. Il m’a accueillie avec un plateau de gâteaux orientaux et m’en a proposé, j’ai refusé. Quelques minutes plus tard, il m’a embrassée, et je me suis laissé faire, je n’ai pas honte de le dire. Puis il s’est littéralement jeté sur moi. Alors le conte de fée s’est transformé en cauchemar, le prince charmant en monstre. Il m’a étranglée très fort, si fort que j’ai pensé que j’allais mourir. Il m’a giflée, car je résistais. Il m’a violée. Je me suis sentie en extrême danger. Il m’a insultée : ‘j’étais venue pour ça, je méritais ça, je l’avais cherché’. Je n’avais qu’à porter le voile, sinon j’étais une prostituée. »

« C’est la campagne #balancetonporc qui m’a poussée à dévoiler son nom », explique ensuite la jeune femme dans « le Parisien ». Elle y raconte aussi qu’elle était « sous l’emprise mentale » de Tariq Ramadan et que celui-ci l’avait « menacée de représailles » ou de « s’en prendre à ses enfants ».

Vilipendée sur les réseaux sociaux par les partisans de l’intellectuel islamiste qui lui reprochent de s’attaquer à l’islam, la jeune femme dit être « fière » d’être « une musulmane qui respecte les lois de la République » et refuse de se « taire parce que Tariq Ramadan utilise l’islam pour assouvir ses pulsions sexuelles ».

Du côté de la défense

L’avocat de Tariq Ramadan a annoncé avoir porté plainte lundi dernier pour « dénonciation calomnieuse » et Tariq Ramadan lui-même a affirmé qu’une « nouvelle plainte sera déposée dans les prochains jours ».

Selon « Libération » qui consacre un papier à l’affaire, « d’autres témoignages (mais qui n’avaient pas filtré) étaient parvenus, selon les intéressés, à l’essayiste Caroline Fourest et au journaliste Ian Hamel, basé en Suisse, auteurs l’un et l’autre de livres d’enquête sur le théologien. Ils faisaient état de comportements violents de la part de Ramadan ».

Les avocats de Tariq Ramadan, Me Yassine Bouzrou et Me Julie Granier, dénoncent « le déferlement médiatique […] Le temps médiatique n’est pas celui de la justice et en aucune façon, le premier ne doit ni ne peut s’imposer au second. Nous lui avons donc expressément demandé [à Tariq Ramadan] de ne pas s’exprimer en retour », ont-ils précisé.

(source Nouvel Obs, BFM TV, AFP)

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