L’affaire a été présentée par certains médias comme si Fadhel Abdelkafi avait été arrêté en flagrant délit avec des devises à l’aéroport, alors qu’à l’époque des faits, il dirigeait une société qui a opéré des transferts de fonds parfaitement légaux soumis à des procédures qui, comme tout le monde le sait, sont, en Tunisie le fait d’une administration particulièrement pointilleuse.

Mais certains faits nous mènent à penser que ceci n’est que la face visible de l’iceberg et que la véritable intention qui se cache derrière cette affaire est beaucoup plus pernicieuse.

Dans quel but une affaire complètement loufoque frappe, en ce moment, le ministre Fadhel Abdelkafi qui a été obligé de présenter sa démission au chef du gouvernement?

Demandez à n’importe quel gérant de Société: lorsque la moindre décision de justice, fut-ce une contravention, est émise contre lui, elle est immédiatement transcrite dans le système informatique de la police et le concerné ne peut pas quitter le pays.

Or que ce passe-t-il dans l’affaire du ministre Fadhel Abdelkafi? Une décision de justice prise par contumace en 2014, c’est à dire il y a 3 ans, n’a été portée à sa connaissance qu’en août 2017 et immédiatement communiquée aux médias qui l’ont rapportée comme s’il s’agissait d’une banale affaire de trafic de devises.

Si la condamnation existait vraiment, jamais Abdelkafi n’aurait pu être nommé ministre

Or; si la condamnation était effective, jamais Fadhel Abdelkafi n’aurait pu devenir ministre en aout 2016 car avant de désigner son cabinet, la première chose que fait un chef de gouvernement, c’est vérifier la situation judiciaire de ses futurs ministres. D’autre part, si la condamnation était effective, jamais Fadhel Abdelkafi n’aurait pu quitter le pays depuis 2014, ce qui est loin d’être le cas.

Acharnement judiciaire illégal

Nous assistons donc, et cela est très grave, à un acharnement judiciaire basé sur une procédure parfaitement illégale car il y a eu un accord avec la BCT, ce qui provoque une déchéance de fait de l’action de la douane, or, dans le cas d’espèce, l’affaire a été tout de même portée devant la douane et instruite en justice.

Chantage anti gouvernemental ou revanche contre l’opération mani puliti?

Plus encore que l’acharnement judiciaire, nous assistons à une sorte de chantage judiciaire contre le gouvernement. L’accusateur est ici l’Administration de la Douane, qui, comme tout le monde le sait, est l’administration la plus corrompue du pays et qui est en ce moment même en pleine guerre contre le gouvernement qui, en juin 2017, a travers la justice militaire, a opéré plusieurs arrestations dans le staff de la douane.

Affaire politique, mafieuse ou politico-mafieuse?

Ce qui est certain, c’est que l’affaire n’est pas purement judiciaire. Alors en quoi consiste-t-elle? Ce qui nous interpelle, c’est que les différents partis au pouvoir, et spécialement ceux censés soutenir le gouvernement, restent silencieux alors qu’ils savent pertinemment que cette affaire est montée de toute pièce. Pourquoi? Des observateurs pensent que certains tentent d’opérer à la tête de l’Etat un remaniement ministériel majeur où même un changement de chef du gouvernement vu que la lutte contre la corruption atteint des proportions énormes et qu’en octobre, l’Instance Nationale de Lutte contre la Corruption va  publier un rapport annuel qui, selon nos sources, va faire beaucoup de dégâts et toucher l’essence même du pouvoir.
Or plusieurs parties veulent absolument éviter que l’INLUC puisse disposer, au dernier trimestre de l’année, d’un gouvernement qui l’appuie de tout son poids dans la lutte contre la corruption. Les choses sont elles liées? L’avenir immédiat nous le dira.

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